Le 23 janvier, EDF a annoncé un nouveau retard pour sa centrale nucléaire de Hinkley Point C. Cela repousse la mise en service du premier réacteur de 1,6 GW entre 2029 et 2031. Auparavant, la centrale devait entrer en fonction en deux étapes : le premier réacteur en 2027 et le second en 2028.
Mais quelles seront les conséquences de ce retard pour le système électrique, les prix de l'énergie et les revenus des batteries ?
Note : Dans cette analyse, nous avons modélisé un scénario optimiste où la première unité devient opérationnelle en 2029, suivie de la seconde en 2030.

Le Royaume-Uni compte actuellement cinq centrales nucléaires en activité, pour une capacité totale de 6 GW. À l’exception de Sizewell B, toutes doivent être mises à l’arrêt avant 2030. Sans prolongation de leur durée de vie, la capacité nucléaire totale chutera à son niveau le plus bas depuis 64 ans, soit 1,2 GW en 2028 — une baisse de 73 % par rapport à aujourd’hui — avec Sizewell B comme unique centrale active. De nouveaux retards pour Hinkley Point C prolongeraient cette situation en 2029 et possiblement au-delà.
Le déficit de production nucléaire sera principalement compensé par les centrales à gaz CCGT
En 2028, l’année la plus impactée, Hinkley Point C devait produire jusqu’à 21,7 TWh d’électricité zéro carbone. La perte de cette production ne devrait pas entraîner de problèmes majeurs de sécurité d’approvisionnement, d’autres moyens de production étant disponibles pour prendre le relais.

On prévoit que la production des centrales à gaz CCGT compensera 60 % du déficit nucléaire en 2028. Les variations des flux d’interconnexion couvriront presque tout le reste — grâce à une réduction des exportations et une augmentation des importations depuis l’Europe.
Les émissions de carbone vont augmenter en conséquence
Le passage du nucléaire au gaz CCGT entraînera une hausse des émissions. Les 26 TWh supplémentaires de production CCGT prévus entre 2027 et 2029 généreraient 10 MtCO2 d’émissions additionnelles. Cela équivaut à 19 % des émissions totales du secteur électrique en 2022, ou aux émissions annuelles de 6,2 millions de voitures.

Le retard pourrait augmenter les prix de l'électricité de 10 % en 2028, mais les écarts de prix diminuent
Le retard de Hinkley Point C retire jusqu’à 3,2 GW de capacité de base, peu flexible, du parc de production. Les prix augmentent en moyenne de 7 % entre 2027 et 2029, avec une hausse maximale de 4,7 £/MWh en 2028.

Malgré la hausse globale des prix, les écarts sur le marché de gros devraient légèrement diminuer, jusqu’à 1,5 % en 2028. Cette baisse s’explique principalement par la réduction du nombre de périodes à prix nul ou négatif, jusqu’à 32 % en 2028. Cela augmente le prix minimum quotidien de 28 % en moyenne.

Par ailleurs, la capacité d’interconnexion et de production CCGT est suffisante pour couvrir le déficit sans hausse significative des prix de pointe. Les prix maximaux n’augmentent en moyenne que de 3 %.
En définitive, la perte de Hinkley Point C entre 2027 et 2029 ne devrait pas entraîner de problème d’approvisionnement. Dans notre scénario, il existe suffisamment de capacité de réserve pour combler le déficit, ce qui signifie que nous ne prévoyons pas d’augmentation du nombre de pics de prix.
Les revenus des batteries devraient peu évoluer
Bien que les prix soient plus élevés après le retard de Hinkley Point C, les revenus des batteries dépendent surtout des écarts quotidiens sur le marché de gros, qui diminuent de 1 à 1,5 %.
En conséquence, les revenus totaux des batteries restent similaires — avec une baisse maximale de 3 % en 2028 due à une moindre valeur du négoce sur le marché de gros. Cette diminution concerne aussi bien les batteries opérant uniquement sur le marché que celles combinant marché et services auxiliaires, en raison de la corrélation des prix des services de réponse en fréquence avec ceux du marché de gros.
Bien que nous ne prévoyions pas actuellement de survenue supplémentaire de pics de prix (comme ceux observés en décembre 2022), le retard de Hinkley Point C augmente la probabilité que cela se produise. Le cas échéant, les batteries pourraient voir leurs revenus augmenter.
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