11 July 2024

Modifications des règles de réponse en fréquence : que propose l’ESO ?

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Modifications des règles de réponse en fréquence : que propose l’ESO ?

L’ESO lance une consultation sur les modifications des règles concernant la suite de services de Réponse en Fréquence Dynamique. La consultation est ouverte aux retours de l’industrie jusqu’au 29 juillet 2024. Si elles sont adoptées, ces modifications impacteront la Contention Dynamique, la Modération Dynamique et la Régulation Dynamique. Cet article analyse les propositions et leurs conséquences potentielles pour l’exploitation du stockage d’énergie par batterie.

Tous les changements proposés pour les services de Réponse en Fréquence Dynamique

L’ESO propose les changements suivants :

  • Suppression des taux de montée en puissance maximum
  • Modifications de la gestion de l’état d’énergie
  • Obligation de fournir des données opérationnelles pour les unités hors BMU
  • Envoi d’instructions de désactivation/réactivation en dehors des périodes contractuelles
  • Nouvelles pénalités pour non-livraison
  • Augmentation de la taille maximale des contrats à 100 MW
  • Suppression de la bande morte pour les unités non limitées en durée
  • Paiements aux fournisseurs secondaires

Vous pouvez consulter la documentation complète sur les propositions de l’ESO ici. L’ESO invite les acteurs du secteur à soumettre leurs retours via le formulaire disponible sur leur site avec les propositions.

L’ESO et Ofgem examineront les propositions et, si elles sont approuvées, les changements entreront en vigueur en novembre 2024.

La suppression des taux de montée en puissance maximum pourrait augmenter les revenus des batteries jusqu’à 12 %

Le taux de montée en puissance d’une batterie décrit la rapidité avec laquelle elle augmente sa production ou sa demande, mesurée en MW/minute. Les taux de montée en puissance maximum empêchent les batteries d’augmenter la puissance dans le sens opposé à leur contrat de réponse en fréquence. Actuellement, ces taux sont limités à 5 % du volume du contrat de réponse en fréquence par minute. Ainsi, une batterie de 50 MW avec un contrat de 10 MW en Régulation Dynamique Haute ne peut augmenter que de 500 kW/minute.

Cela signifie que la règle du taux de montée en puissance maximum peut limiter la valorisation de la batterie entre la réponse en fréquence et le trading. Sa suppression pourrait entraîner une hausse des revenus des batteries allant jusqu’à 12 %.

frequency response ramp rate restriction

L’ESO va imposer la gestion de l’état d’énergie

L’ESO fournit des recommandations sur la manière dont les batteries doivent réserver de la puissance pour la gestion de l’énergie lorsqu’elles fournissent simultanément une réponse en fréquence haute et basse. Par exemple, fournir 30 MW en Régulation Dynamique Haute et Basse, ce qu’on appelle parfois un « contrat de réponse en fréquence symétrique ». Cette recommandation précise que les batteries doivent réserver suffisamment de puissance dans la direction opposée à leur contrat pour récupérer 20 % de l’énergie requise pour assurer le service sur une période de règlement.

Chaque service de réponse en fréquence exige que les batteries puissent fonctionner à pleine puissance pendant les durées suivantes :

  • 15 minutes – Contention Dynamique
  • 30 minutes – Modération Dynamique
  • 60 minutes – Régulation Dynamique

Cela signifie que les opérateurs de batteries doivent calculer la puissance à réserver pour chaque taille de contrat et ajuster leurs offres en conséquence. Ils peuvent utiliser le tableau ci-dessous pour s’aider.

state of energy management in frequency response

Par exemple, une batterie fournissant 30 MW de Régulation Dynamique de façon symétrique nécessite 30 MWh d’énergie (60 minutes à pleine puissance) pour honorer le contrat. Elle devra pouvoir récupérer 20 % de cette énergie (6 MWh) par période de règlement. Pour récupérer 6 MWh en 30 minutes, il faudrait importer ou exporter à 12 MW. C’est la puissance que la batterie devra réserver pour la gestion de l’état d’énergie. Le reste de la puissance disponible pourra être utilisé sur d’autres marchés.

L’ESO va désormais imposer cette règle dans les conditions de service, et elle ne sera plus seulement une recommandation. De plus, les batteries devront s’assurer de bien gérer leur énergie pendant la prestation. Si une batterie entame un bloc EFA avec une énergie insuffisante pour remplir son contrat de réponse en fréquence, elle sera considérée comme indisponible et en infraction avec les conditions de service.

Les unités hors mécanisme d’équilibrage devront transmettre en permanence leurs données opérationnelles

Actuellement, les unités hors Mécanisme d’Équilibrage (BMU) ne sont pas tenues de transmettre leurs données opérationnelles en continu. Ces données comprennent la métrologie opérationnelle, les données de référence et les données de performance.

L’ESO utilise ces données pour vérifier si les unités fournissent la réponse en fréquence attendue. L’ESO propose de modifier cette règle afin que les unités hors BMU transmettent les mêmes données que les BMU. Cela permettra à l’ESO d’avoir une meilleure visibilité sur les ressources batteries disponibles. Le non-respect de cette obligation entraînera une pénalité de performance.

L’ESO enverra des instructions opérationnelles avant le début des contrats de réponse en fréquence

Ce changement permettra à l’ESO d’envoyer aux batteries des instructions d’arrêt/redémarrage de la prestation de réponse en fréquence (désactivation/réactivation) avant le début du contrat. Ceci est parfois nécessaire si une batterie risque de causer des problèmes opérationnels comme des oscillations de fréquence lors de la prestation du service.

Actuellement, l’ESO ne peut envoyer ces instructions que pendant les périodes contractuelles, ce qui laisse une courte période où une unité pourrait causer des problèmes avant de recevoir une instruction. Les batteries qui ne désactivent ou ne réactivent pas le service comme demandé seront sanctionnées selon le nouveau système de pénalités de performance.

Les pénalités de performance pour la réponse en fréquence suivront un système par paliers

L’ESO propose un nouveau système par paliers pour les pénalités de performance en cas de non-respect des conditions de service de la réponse en fréquence. Ce nouveau système prévoit des sanctions renforcées en cas de récidive. L’ESO évaluera quotidiennement la performance des batteries chaque mois. Le tableau ci-dessous indique les critères d’évaluation et l’application des pénalités. Certains contrôles et sanctions pourront être appliqués à la discrétion du gestionnaire de compte ESO (ADAM).

Ce nouveau système permet à l’ESO de supprimer le paiement pour un bloc EFA ou de suspendre temporairement une batterie. Il inclut également des limites précises sur le nombre d’infractions quotidiennes tolérées avant un renforcement des sanctions. Actuellement, l’ESO ne peut supprimer le paiement que pour une période de règlement ou radier une unité.

Des unités de 100 MW pourraient fournir tous les services de réponse en fréquence

Actuellement, la taille maximale des contrats est de 50 MW pour la Régulation Dynamique et la Modération Dynamique, et de 100 MW pour la Contention Dynamique. L’ESO propose de porter la taille maximale des contrats de Régulation et Modération Dynamiques à 100 MW.

Dollymans, détenu par Statera, est actuellement la seule batterie de 100 MW opérationnelle en Grande-Bretagne. Mais d’ici fin 2024, Blackhillock Phase 1 (Zenobe) devrait être opérationnel, avec deux unités de 100 MW enregistrées.

L’ESO prévoit d’autoriser de nouvelles technologies à fournir la réponse en fréquence

L’ESO propose que les technologies non limitées en durée puissent fournir la réponse en fréquence et autorise ces unités à nommer une « bande morte nulle ». Cela signifie qu’elles réagiront immédiatement aux variations de fréquence dès que celle-ci s’écarte de 50 Hz. Pour les batteries, il existe actuellement une bande morte de +/–0,015 Hz dans laquelle elles ne sont pas tenues de réagir.

Ce changement n’entrerait pas en vigueur avant mars 2025 au plus tôt. L’ESO publiera une documentation complémentaire à ce moment-là.

L’ESO paiera directement les fournisseurs secondaires

Les fournisseurs de réponse en fréquence peuvent transférer leurs contrats à un prestataire alternatif. Cependant, l’ESO effectue actuellement les paiements de disponibilité au fournisseur initial, qui les reverse ensuite au fournisseur secondaire. Pour simplifier ce processus, l’ESO versera désormais les paiements de disponibilité directement au fournisseur secondaire.