Ici chez Modo, nos utilisateurs nous posent souvent d’excellentes questions qui nous poussent à réfléchir. Nous nous efforçons de répondre à chaque question reçue. Parfois, ces questions nous emmènent loin – et donnent naissance à des articles comme celui-ci. Suite à la publication de notre explication sur la Réponse en Fréquence Obligatoire (MFR), Steven Meersman (cofondateur et directeur chez Zenobē, et invité récent du podcast Modo) nous a contactés pour nous demander :
Pourquoi la MFR n’est-elle pas fusionnée avec les marchés concurrentiels de la réponse dynamique en fréquence ?
Alors, pour répondre à cette question – attention spoiler – voici notre réponse : en bref, il s’agit probablement d’une question de « quand », et non de « si ». Pour la version détaillée, poursuivez la lecture. Considérez ceci comme la seconde partie de notre explication sur la Réponse en Fréquence Obligatoire.
Réformes de la réponse en fréquence
Les marchés de la réponse en fréquence du National Grid ESO subissent actuellement d’importantes réformes. Les services dynamiques – Dynamic Containment, Dynamic Moderation et Dynamic Regulation (DC, DM et DR) – remplacent la Réponse en Fréquence Ferme (FFR). C’est une excellente nouvelle pour le consommateur final. Les trois nouveaux services, pris ensemble, devraient s’avérer plus efficaces que la FFR. En effet, l’ESO pourra gérer séparément ses services avant et après incident, de manière plus granulaire. Nous aurons ainsi un ensemble de services de réponse en fréquence plus ciblé, plus efficace et plus agile.
Au cours de l’année passée, l’ESO a supervisé des améliorations significatives qui augmentent l’efficacité de l’approvisionnement en réponse. Il a adopté des courbes de demande élastique, achats par blocs EFA, prévisions à plus court terme, tolérance au surstockage, et suppression des contraintes d’ordre de mérite. Tout cela améliore l’efficacité, ce qui profite au consommateur.
Cela dit, il reste encore du chemin à parcourir avant que les services dynamiques atteignent leur plein potentiel. Nous pensons que l’ESO continuera à acheter une certaine quantité de FFR jusqu’à la fin du premier trimestre 2023 (au plus tôt). Cela s’explique par le fait qu’il reste encore de nombreux tests à effectuer avant de pouvoir effectuer la transition complète. De plus, jusqu’à présent, l’adoption du DM et du DR reste limitée – même avec des plafonds de volume plus stricts que pour le DC.

Une fois que la gamme dynamique fonctionnera à plein régime, l’ESO pourra transférer ses besoins en FFR (et une partie de ses besoins en MFR) vers les services dynamiques. Selon sa feuille de route du marché de mars 2022 : « Suite à l’introduction de nos nouveaux produits de réponse dynamique pré-incident, DM et DR, les volumes absolus de Primary/Secondary/High-volume (P/S/H) pré-incident que nous achetons via la MFR ou l’appel d’offres mensuel FFR commenceront à diminuer. »
Alors, la MFR est-elle en train d’être fusionnée avec la suite de réponse dynamique en fréquence ?
Si l’on se fie à l’histoire, l’ESO ne pourra le faire que lorsque les services DC, DM et DR seront pleinement opérationnels. Lorsque DC a été lancé, les prix de 17 £/MW/h ont provoqué un exode des actifs de stockage d’énergie par batterie (BESS) hors des services FFR. Cela a entraîné une baisse des volumes pré-incident, ce qui a finalement augmenté les dépenses liées à la MFR. C’était positif pour les revenus des BESS (qui étaient plus élevés dans DC que dans la FFR), mais moins bon pour l’exploitation bas carbone de notre système (car la dépendance accrue à la MFR signifiait que les CCGT étaient sollicités pour fournir la réponse en fréquence).

L’impact carbone de la MFR
Petite parenthèse : si nous évoquons l’impact carbone ici, c’est parce que la MFR est en grande partie assurée par des centrales thermiques. Cela signifie que ce service émet plus de carbone que les services de réponse en fréquence assurés uniquement par des BESS. De plus, les centrales thermiques fonctionnent alors en dehors de leur point de rendement optimal – ce qui augmente encore les émissions de carbone par MWh produit.
Qu’est-ce qui freine l’abandon de la MFR ?
D’ici l’an prochain, il est probable que DC, DM et DR aient entièrement remplacé la FFR. Mais pourquoi ne peut-on pas en dire autant de la MFR ? En résumé, c’est parce que la MFR est achetée en intra-journalier.
Dans un monde post-FFR, les services dynamiques seront achetés la veille pour le lendemain. Cela laisse la MFR comme l’outil utilisé par l’ESO pour répondre en temps réel, dans la journée, à la demande de réponse en fréquence. Pour faire une analogie avec les marchés de gros : la suite dynamique est une position profilée à l’avance, tandis que la MFR est l’ajustement intra-journalier.

C’est pourquoi la MFR survivra à la FFR – uniquement pour gérer l’ajustement fin de la réponse intra-journalière. L’ESO ne pourra la supprimer totalement que lorsque la suite dynamique pourra être achetée en intra-journalier. Comme indiqué dans sa mise à jour des exigences de réponse en fréquence de février 2022, « La Réponse en Fréquence Obligatoire (MFR) restera dans notre boîte à outils pendant cette transition et jusqu’à ce que DC, DM et DR puissent être achetés en intra-journalier. »
Acheter la réponse dynamique en fréquence en intra-journalier
Passer à un achat en intra-journalier pour DC, DM et DR représentera un immense défi pour l’ESO – sans parler des propriétaires et exploitants de BESS. Si la logique et les intentions sont bonnes, cela soulève de nombreuses questions importantes.
Pour l’ESO, il s’agit d’une refonte majeure de ses processus actuels. Ainsi :
- Est-ce que tous les services DC, DM et DR seront achetés en intra-journalier ? Ou existera-t-il des marchés distincts pour la veille et l’intra-journalier ?
- Si DC, DM et DR sont achetés en intra-journalier, l’ESO passera-t-il aussi à un achat par période de règlement ?
- Cela signifierait-il que DC, DM et DR seraient achetés via le Balancing Mechanism (comme c’est le cas actuellement pour la MFR) ?
- Et combien de temps faudra-t-il pour mettre en œuvre ces changements – notamment les évolutions numériques nécessaires ?
Pour les propriétaires et exploitants de BESS, cela représente un saut de complexité. Ainsi :
- Avec la frontière entre stratégies marchandes et auxiliaires qui s’estompe, les investisseurs seront-ils rassurés sur la viabilité commerciale des futurs actifs BESS ?
- Comment la complexité de la programmation des échanges la veille, couplée à l’achat en intra-journalier, affectera-t-elle l’exploitation quotidienne des BESS ?
- Et ce changement aura-t-il un impact sur la saturation des services dynamiques ?
Mais faut-il écarter la MFR aussi vite ?
Sans accès à la MFR, l’ESO risque-t-il de devenir trop dépendant du BESS ? L’avantage de la MFR est qu’elle est obligatoire. Si on la supprime et qu’on la remplace par des services dynamiques en intra-journalier, il suffirait d’une marge serrée pour que l’ESO n’ait plus de réponse disponible (comme on l’a vu en janvier 2021, septembre 2021, etc.). Mais la MFR pourrait-elle avoir un autre avenir ?
Si le marché de la MFR était ouvert à plus d’actifs et de technologies différentes (la MFR est déjà obligatoire pour les BESS connectés au réseau de transport, mais pourrait être étendue aux actifs connectés à la distribution), que se passerait-il ? Par exemple, les grands BESS (supérieurs à 100 MW) pourraient être davantage utilisés par la salle de contrôle de l’ESO pour des actions du Balancing Mechanism. Mais ils pourraient aussi fournir la MFR. Le marché DC est déjà saturé, tandis que DM et DR restent plus restreints. Avec la capacité de stockage qui va arriver, il est plausible que la MFR devienne une source de revenus importante pour ces grands sites BESS. Si des batteries de grande taille étaient contractées (et utilisées) pour la MFR, cela signifierait un éloignement des centrales thermiques au profit de systèmes de stockage par batterie plus « propres ».
Le mot de la fin
Comme vous pouvez le constater, cette question nous a donné matière à réflexion. Il est clair que l’ESO considère ses services dynamiques comme l’avenir de la réponse en fréquence. Étant donné les sommes investies dans la MFR, et le fait que ce service est majoritairement assuré par des centrales thermiques, cela paraît logique. Cependant, au vu des complications potentielles liées à l’achat en intra-journalier de DC, DM et DR, la suppression totale de la MFR semble irréaliste à l’heure actuelle.
Pour répondre à la question de pourquoi la MFR n’a pas encore été absorbée par ses homologues dynamiques, voici ce que nous avons découvert :
- Premièrement, l’ESO doit disposer de DC, DM et DR pleinement opérationnels avant de pouvoir transférer des volumes hors de ses autres services de réponse en fréquence.
- La MFR, achetée en intra-journalier, rend un service précieux. Elle sert à corriger les écarts de fréquence au plus près du temps réel.
- Et, peut-être le plus important, les services dynamiques remplaceront la MFR à terme. (Dans une certaine mesure. Probablement.)
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