L’ESO a publié son rapport annuel « Future Energy Scenarios » pour 2024. Ce rapport présente les trajectoires possibles vers la neutralité carbone d’ici 2050. Alors, la capacité de stockage par batteries permettra-t-elle d’atteindre l’une des trajectoires définies par l’ESO ?

Le passage des « Scénarios » aux « Trajectoires » met l’accent sur des routes plus ciblées vers la neutralité carbone

Le rapport Future Energy Scenarios a un champ d’analyse plus restreint en 2024. Cela a permis à l’ESO de se concentrer sur des trajectoires plus crédibles vers la neutralité carbone, alors que le rapport 2023 explorait « les limites de la crédibilité ».

En 2024, le rapport étudie trois trajectoires : Transition holistique, Engagement électrique et Évolution de l’hydrogène.

• Transition holistique : Un réseau électrique très flexible, combinant électrification, stockage, gestion de la demande et hydrogène pour atteindre les objectifs.
• Évolution de l’hydrogène : Un système moins flexible, l’hydrogène étant davantage utilisé pour la production et le stockage d’énergie.
• Engagement électrique : Trajectoire utilisant le moins d’hydrogène, avec une forte part de nucléaire réduisant la flexibilité.

L’ESO a également inclus une trajectoire « Contrefactuelle » qui n’atteint pas la neutralité carbone en 2050.

Un déploiement rapide des batteries apporte une flexibilité essentielle dans toutes les trajectoires sur les cinq prochaines années

La trajectoire Future Energy Scenarios la plus flexible selon l’ESO (Transition holistique) prévoit le rythme le plus rapide de déploiement du stockage d’énergie par batteries. Cette trajectoire nécessite 27 GW de stockage par batteries d’ici fin 2029, soit 23 GW à installer en cinq ans.

C’est 5 GW de plus que ce que prévoit l’ESO dans ses projections à cinq ans, ce qui est insuffisant pour répondre aux trajectoires Transition holistique et Engagement électrique. Selon les prévisions, les opérateurs installeront suffisamment de stockage pour suivre la trajectoire Évolution de l’hydrogène, qui exige le plus faible volume de batteries et permet d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Le rythme actuel de déploiement des batteries pourrait manquer toutes les trajectoires FES

Le rythme de déploiement du stockage par batteries a récemment ralenti. Le premier semestre 2024 a enregistré la plus faible capacité opérationnelle nouvelle depuis 2022, avec seulement 370 MW, en raison de retards de projets. Les fournisseurs de batteries attribuent ces retards à des délais de raccordement au niveau des DNO, à des problèmes de tests de mise en service et à des problèmes d’équipement.

En tenant compte de ces retards dans la prévision à cinq ans de Modo Energy, la capacité de batteries en 2029 atteindrait 20 GW. Ce chiffre manquerait toutes les trajectoires net zéro définies par l’ESO.

Ces trajectoires ambitieuses montrent l’importance accordée par l’ESO au stockage par batteries pour garantir la flexibilité du réseau dans les prochaines années. Cependant, le faible rythme de déploiement récent souligne la nécessité pour l’ESO de comprendre et, si possible, d’agir sur les causes de ces difficultés.

De nouvelles technologies de stockage seront développées après 2029 dans tous les scénarios FES

Les trois trajectoires net zéro prévoient un déploiement rapide des batteries jusqu’en 2029, puis un ralentissement après 2030. La capacité atteindra 35 GW en 2050 dans la trajectoire Transition holistique, avec seulement 8 GW supplémentaires entre 2030 et 2050.

Cela s’explique par le développement de nouvelles technologies de stockage après 2030 dans tous les scénarios. L’hydroélectricité par pompage, l’air comprimé et le stockage d’air liquide augmenteront jusqu’à 12 GW entre 2029 et 2050.

Aucune des trois trajectoires n’utilise les batteries comme solution de stockage longue durée.

La durée moyenne de stockage des batteries est inférieure à deux heures dans tous les scénarios

Alors que la puissance installée des batteries atteint 35 GW dans la trajectoire Transition holistique, la capacité énergétique stockée atteint seulement 65 GWh. Dans tous les scénarios, la capacité énergétique moyenne des batteries est 80 % supérieure à la puissance installée. Cela signifie que la durée moyenne de stockage est inférieure à deux heures, avec deux fois plus de systèmes de deux heures que de systèmes d’une heure.

À l’inverse, l’hydroélectricité par pompage, l’air liquide et l’air comprimé permettront en moyenne de stocker l’énergie pendant 13, 9 et 20 heures respectivement d’ici 2050. Cependant, la puissance installée de ces trois technologies atteindra en moyenne 4,5 GW en 2050. Ainsi, les batteries fourniront 70 % de la puissance stockée et 25 % de l’énergie stockée en moyenne dans les trois scénarios en 2050.

Il n’y a pas que les batteries qui ne répondent pas aux trajectoires FES

L’un des messages clés de l’ESO est que « les deux prochaines années sont cruciales ». Cette nouvelle approche, axée sur des trajectoires étroites et crédibles vers la neutralité carbone, souligne l’importance d’être prêt à suivre ces trajectoires plutôt que d’essayer de rattraper le retard. Les prévisions à cinq ans de l’ESO pour les émissions de gaz à effet de serre montrent que la Grande-Bretagne n’est actuellement pas sur la bonne voie.

Cela met en avant la nécessité, à court terme, d’aligner les émissions de gaz à effet de serre sur les trajectoires définies par l’ESO, à l’échelle de tout le secteur.